Sakai, Préfecture d'Osaka, Japon
La réputation de l'industrie coutelière de Sakai date du XVIème siècle et fut démultipliée suite à un monopole de fabrication octroyé par le shogun Tokugawa. La ville est connue pour ce qu'on appelle «l'incident de Sakai» entre Français et Japonais.
L'incident de Sakai
Le 8 mars 1868, la frégate Dupleix de la division navale des Mers de Chine qui mouillait dans la baie d'Osaka avait envoyé une chaloupe à vapeur vers Sakai, port au sud d'Osaka pour faire des sondages ; elle fut attaquée par des samouraïs appartenant au daimyo de la province de Tosa. Onze jeunes marins dont leur chef, l'aspirant Charles Guillon, âgé de 22 ans, furent sauvagement tués à coups de carabine et par armes blanches. à l'époque, seuls quelques ports étaient ouverts aux vaisseaux étrangers comme le stipulaient les traités ; le port de Sakai était ouvert par exception, ce que les soldats de Tosa, en charge du maintien de l'ordre dans le port, ignoraient . Léon Roches, ministre de France au Japon qui était alors à Osaka, protesta énergiquement et exigea les excuses du ministre japonais, un châtiment exemplaire pour les assassins et une indemnité de 150 000 dollars qui fut versée ultérieurement. Les coupables furent arrêtés et vingt d'entre eux condamnés à mourir par hara-kiri, en japonais Seppuku. L'exécution eut lieu à Sakai le 16 mars.
Après le onzième hara-kiri des condamnés, le commandant français demanda la grâce des 9 autres. Il pensait, écrivit-il dans son journal, que ce châtiment n'avait pas atteint son but d'exemplarité et transformé les samouraïs meurtriers en héros. Le commandant, chrétien convaincu et soldat aguerri grièvement blessé à Sébastopol voulait aussi manifester sa magnanimité, sentiments d'humanité qui furent différemment interprétés par les Japonais. Les tombes des 11 marins français sont toujours visibles au cimetière des étrangers de Kobe, dans un carré spécial surmonté d'une grande croix de granit. Les 11 samouraïs sacrifiés du clan de Tosa sont inhumés à Sakai, dans le temple de Hojuin devenu jardin d'enfants, voisin du temple de Myokokuji reconstruit après la guerre, dans un enclos de la cour où sont alignées leurs 11 stèles.